"Si, comme moi, vous croyez connaître le pianiste Pierre-Alain Goualch et la chanteuse Valérie Graschaire, au motif que, premièrement, ils ont sorti un premier disque en duo que vous avez écouté sans beaucoup d'émotion, et deuxièmement, qu'ils se sont focalisés de façon rigoureusement exclusive sur l'interprétation de thèmes de Thelonious Monk, eh bien, permettez-moi de vous le dire, vous êtes dans l'erreur la plus totale.

Ces deux-là apportent quelque chose de tout à fait inattendu à un concept trop attendu, la chanteuse et le pianiste, et à un concert déconcertant dans l'approche de l'opus monkien. Tout commençait de façon abrupte, comme une façon pour P.-A. Goualch de se mettre en confiance en nous imposant d'emblée la direction de son univers. Bientôt rejoint par V. Graschaire, ils ont su à deux, faire monter la tension jusqu'à des paroxysmes qui ont déclenché l'apparition de vivas dans le public, plutôt réservé ce soir-là, de la Cité de la Musique de Marseille (décembre 2003). Après tout, c'est assez rare de voir un forcené jouer du tam-tam sur un Bösendorfer qui, jusque-là, ne lui avait rien fait! Enfin, rien que l'on sache et tout cas.

Alors évidemment, la question devient : est-ce que P.-A. Goualch n'aurait pas pu faire "la même chose", c'est-à-dire montrer toutes les facettes d'un talent pianistique remarquable allié à une inventivité qui ne le bride pas, SANS le compagnonnage avec V. Graschaire?

Eh bien, il me semble que, si cela reste possible dans l'absolu, cela n'aurait pas du tout le même impact sur le public, cet animal sauvage qu'il faut apprivoiser, amadouer.
Et que donc, ils ont certainement choisi la bonne formule, celle qui leur permet de se sentir stimulé et de pouvoir partager une importante somme de travail avec le public. On ne boudera plus, désormais, notre plaisir, pourvu qu'ils reviennent".
© Jacques Ponzio
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